INTERVIEW DE CLAUDIO CUPELLINI, RÉALISATEUR DU FILM ALASKA :
UNE HISTOIRE D’AMOUR ÉPIQUE ET UNIVERSELLE.
Alaska, qui sortira prochainement en France, ouvre les portes de la nouvelle édition du festival Univerciné Italien. La rencontre entre Fausto, un italien travaillant à Paris et Nadine, une mannequin française, provoquera une histoire semée d’obstacles entre Paris et Milan. Les deux personnages principaux sont interprétés par Elio Germano et Astrid Bergès-Frisbey. Retour sur l’interview de Claudio Cupellini, invité d’honneur du festival.
Alaska évoque les thèmes de la violence, de la peur et de l’amour, mais correspond-il à un genre en particulier ?
Alaska pourrait s’apparenter à un drame, c’est un genre peu utilisé en Italie mais qui hérite d’une noble tradition. J’ai cherché à raconter une histoire d’amour d’une manière nouvelle et différente, pas seulement romantique mais qui emprunterait aussi au registre noir.
Pourquoi avoir choisi de raconter l’histoire d’un couple franco-italien ? L’histoire s’inspire-t-elle d’éléments plus personnels ou d’un lien particulier avec Paris ?
Non pas vraiment même si j’ai de la famille française et que je suis lié à ce pays pour des raisons sentimentales et cinématographiques. En effet, j’ai décidé de faire ce métier notamment grâce au cinéma français. En qui concerne l’histoire d’Alaska, j’ai voulu mettre en scène deux personnes sans racine ni origine ; j’ai donc pensé qu’il était intéressant de mettre en parallèle deux pays, la France et l’Italie.
Aujourd’hui les couples internationaux semblent de plus en plus nombreux, ce couple franco-italien pourrait être le reflet d’une nouvelle génération ?
Oui sûrement car la notion d’espace a évolué pour nous tous. Le monde s’est à la fois agrandi et rétréci puisque les mouvements entre les espaces sont plus rapides. Aujourd’hui par exemple, il faut peu de temps pour voyager de Rome à Nantes. Ce film parle d’un monde qui reflète la société contemporaine où il est de plus en plus facile de connaître des personnes venant d’autres pays. Il devient donc plus naturel de penser à des couples provenant de pays différents. À travers Alaska, l’idée était de raconter une histoire universelle et je pense que le monde actuel a besoin d’histoires comme celle-ci. Selon moi, ce mélange de langues est à la fois très juste et très beau, il nous offre un regard sur ce que sera le futur des prochaines générations.
Vous avez écrit le scénario en pensant à Elio Germano, comment avez-vous travaillé avec lui ?
Je connaissais déjà Elio Germano, j e l’avais vu dans de nombreux films et connaissais toutes ses qualités d’acteur ainsi que sa méthode de travail. Au fur et à mesure que j’écrivais le scénario, tout s’est déroulé assez naturellement. J’imaginais déjà les scènes avec Elio dans le rôle du personnage principal et cela m’a beaucoup aidé. J’ai pu écrire le scénario d’une manière précise tout en laissant part à l’improvisation. Cela pouvait paraître compliqué au début car les deux acteurs principaux ont dû interpréter de nombreuses scènes dans une langue qui n’était pas la leur. Elio a appris le français en trois mois, Astrid pendant ce temps a appris l’italien. C’est ainsi qu’ils ont pu improviser des dialogues qui n’étaient pas prévus au départ avec une certaine facilité.
Comment s’est déroulé le tournage à Paris ?
Il a été préparé bien en amont car nous avions très peu de temps pour réaliser toutes les scènes. Le tournage a été très efficace et c’est toujours stimulant pour un réalisateur de tourner à l’étranger, dans un endroit qui n’est pas le sien. L’idée de venir à Paris m’a rendu davantage exigeant car il était important de bien comprendre comment procéder mais cela m’a donné beaucoup d’énergie par la suite.
Alaska est le nom d’une discothèque à Milan à laquelle Fausto sera lié, pourquoi avoir choisi de donner ce titre à votre film ?
Même si Alaska est une histoire d’amour, c’est aussi l’histoire d’une ambition et de la volonté d’un homme d’acquérir une certaine position dans la société. Voulant éviter un titre trop mielleux, j’ai pensé qu’Alaska pouvait évoquer cette idée. En effet, ce nom et ce lieu me rappellent l’époque de la ruée vers l’or, des histoires dans lesquelles la vie ou la mort sont en jeu, les aventures qui pourraient rendre riche quelqu’un pour toute une vie ou bien le laisser mourir, seul dans la neige. Pour Fausto et Nadine c’est la même chose, leur histoire les pousse vers toujours plus d’aventures sans aucun frein ni peur.
Interview réalisée par Miléna Chenevrel et Eve Martin, étudiantes en M2 MCCI à l’Université de Nantes